sans tache ; telle enfin qu’il faudrait être, pour être vraiment digne de lui.
Lettre CXIV.
Ma chère amie, je cède à ma vive inquiétude ; & sans savoir si vous serez en état de me répondre, je ne puis m’empêcher de vous interroger. L’état de M. de Valmont, que vous me dites sans danger, ne me laisse pas autant de sécurité que vous paraissez en avoir. Il n’est pas rare que la mélancolie & le dégoût du monde soient des symptômes avant-coureurs de quelque maladie grave ; les souffrances du corps, comme celles de l’esprit, font désirer la solitude ; & souvent on reproche de l’humeur à celui dont on devrait seulement plaindre les maux.
Il me semble qu’il devrait au moins consulter quelqu’un. Comment, étant malade vous-même, n’avez-vous pas un médecin auprès de vous ? Le mien, que j’ai vu ce matin, & que je ne vous cache pas que j’ai consulté indirectement, est d’avis que, dans les personnes naturellement actives, cette espèce d’apathie subite n’est jamais à négliger ; et, comme il me disait