Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/130

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madame la présidente de Tourvel, & je sais de plus combien cette confiance est dignement placée. Je crois donc pouvoir, sans indiscrétion, m’adresser à vous, pour obtenir un service bien essentiel, vraiment digne de votre saint ministère, & où l’intérêt de madame de Tourvel se trouve joint au mien.

J’ai entre les mains des papiers importants qui la concernent, qui ne peuvent être confiés à personne, & que je ne dois ni veux remettre qu’entre ses mains. Je n’ai aucun moyen de l’en instruire, parce que des raisons, que peut-être vous aurez sues d’elle, mais dont je ne crois pas qu’il me soit permis de vous instruire, lui ont fait prendre le parti de refuser toute correspondance avec moi : parti que j’avoue volontiers aujourd’hui ne pouvoir blâmer, puisqu’elle ne pouvait prévoir des événements auxquels j’étais moi-même bien loin de m’attendre, & qui n’étaient possibles qu’à la force plus qu’humaine qu’on est forcé d’y reconnaître.

Je vous prie donc, Monsieur, de vouloir bien l’informer de mes nouvelles résolutions, & de lui demander pour moi une entrevue particulière, où je puisse au moins réparer, en partie, mes torts par mes excuses ; et, pour dernier sacrifice, anéantir à ses yeux les seules traces existantes d’une erreur ou d’une faute qui m’avait rendu coupable envers elle.

Ce ne sera qu’après cette expiation préliminaire, que j’oserai déposer à vos pieds l’humiliant aveu de mes longs égarements ; & implorer votre médiation pour une réconciliation bien plus importante encore,