Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/139

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que ce sera la dernière, et m’a chargé de vous annoncer qu’elle serait chez elle jeudi prochain, 28. Si ce jour ne pouvait pas vous convenir, vous voudrez bien l’en informer et lui en indiquer un autre. Votre lettre sera reçue.

Cependant, M. le vicomte, permettez-moi de vous inviter à ne pas différer sans de fortes raisons, afin de pouvoir vous livrer plus tôt et plus entièrement aux dispositions louables que vous me témoignez. Songez que celui qui tarde à profiter du moment de la grâce s’expose à ce qu’elle lui soit retirée ; que si la bonté divine est infinie, l’usage en est pourtant réglé par la justice, et qu’il peut venir un moment où le Dieu de miséricorde se change en un Dieu de vengeance.

Si vous continuez à m’honorer de votre confiance, je vous prie de croire que tous mes soins vous seront acquis aussitôt que vous le désirerez : quelque grandes que soient mes occupations, mon affaire la plus importante sera toujours de remplir les devoirs du saint ministère, auquel je me suis particulièrement dévoué ; et le moment le plus beau de ma vie, celui où je verrai mes efforts prospérer par la bénédiction du Tout-Puissant. Faibles pêcheurs que nous sommes, nous ne pouvons rien par nous-mêmes ! Mais le Dieu qui vous rappelle peut tout, & nous devrons également à sa bonté, vous, le désir constant de vous rejoindre à lui, & moi, les moyens de vous y conduire. C’est avec son secours que j’espère vous convaincre bientôt que la religion sainte peut donner seule, même en ce monde, le bonheur solide et durable qu’on cherche