Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’orgueil d’y compter encore, quand, au contraire je me rends justice en cessant d’y prétendre.

Je suis avec respect, Madame, votre très humble & très obéissante servante.

Paris, ce 1er novembre 17…

Lettre CXXIX.

Le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

Dites-moi donc, ma belle amie, d’où peut venir ce ton d’aigreur & de persiflage, qui règne dans votre dernière lettre ? Quel est donc ce crime que j’ai commis, apparemment sans m’en douter, & qui vous donne tant d’humeur ? J’ai eu l’air, me reprochez-vous, de compter sur votre consentement avant de l’avoir obtenu : mais je croyais que ce qui pourrait paraître de la présomption pour tout le monde ne pouvait jamais être pris, de vous à moi, que pour de la confiance ; & depuis quand ce sentiment nuit-il à l’amitié ou à l’amour ? En réunissant l’espoir au désir, je n’ai fait que céder à l’impulsion naturelle, qui nous fait nous placer toujours le plus près possible du bonheur que nous cherchons ; & vous avez pris pour l’effet de l’orgueil ce qui ne l’était que de mon empressement.