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Lettre CXXXVII.

Le vicomte de Valmont à la présidente de Tourvel.

On vient seulement, Madame, de me rendre votre lettre ; j’ai frémi en la lisant, & elle me laisse à peine la force d’y répondre. Quelle affreuse idée avez-vous donc de moi ! Ah ! sans doute, j’ai des torts ; & tels que je ne me les pardonnerai de ma vie, quand même vous les couvririez de votre indulgence. Mais que ceux que vous me reprochez ont toujours été loin de mon âme ! Qui, moi ! vous humilier ! vous avilir ! quand je vous respecte autant que je vous chéris, quand je n’ai connu l’orgueil, que du moment où vous m’avez jugé digne de vous. Les apparences vous ont déçue ; & je conviens qu’elles ont pu être contre moi : mais n’aviez-vous donc pas dans votre cœur ce qu’il fallait pour les combattre ? & ne s’est-il pas révolté à la seule idée qu’il pouvait avoir à se plaindre du mien ? Vous l’avez cru cependant.! Ainsi, non-seulement vous m’avez jugé capable de ce délire atroce, mais vous avez même craint de vous y être exposée par vos bontés pour moi. Ah ! si vous vous trouvez dégradée à ce point par votre amour, je suis donc moi-même bien vil à vos yeux ?

Oppressé par le sentiment douloureux que cette idée me cause, je perds à la repousser, le temps que je