Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conséquent, sans qu’elle vous donnât d’ombrage. Au contraire, ce serait un simple essai que nous ferions de concert ; & quand même je réussirais, ce ne serait qu’un moyen de plus de renouveler, à votre volonté, un sacrifice qui a paru vous être agréable. A présent, ma belle amie, il me reste à en recevoir le prix, & tous mes vœux sont pour votre retour. Venez donc vite retrouver votre amant, vos plaisirs, vos amis, & le courant des aventures.

Celle de la petite Volanges a tourné à merveille. Hier, que mon inquiétude ne me permettait pas de rester en place, j’ai été, dans mes courses différentes, jusques chez madame de Volanges. J’ai trouvé votre pupille déjà dans le salon, encore dans le costume d’une malade, mais en pleine convalescence, & n’en étant que plus fraîche & plus intéressante. Vous autres femmes, en pareil cas, vous seriez restées un mois sur votre chaise-longue : ma foi, vive les demoiselles ! Celle-ci m’a en vérité donné envie de savoir si la guérison était parfaite !

J’ai encore à vous dire que cet accident de la petite fille a pensé rendre fou votre sentimentaire Danceny. D’abord, c’était de chagrin ; aujourd’hui c’est de joie. Sa Cécile était malade ! Vous jugez que la tête tourne dans un tel malheur. Trois fois par jour il envoyait savoir des nouvelles, & n’en passait aucun sans s’y présenter lui-même ; enfin il a demandé, par une belle épître à la maman, la permission d’aller la féliciter sur la convalescence d’un objet si cher : & madame de Volanges y a consenti : si bien que j’ai trouvé le