Adieu, ma chère & digne amie. Je vous félicite d’être éloignée du triste spectacle que j’ai continuellement sous les yeux.
Lettre CLXI.
Être cruel & malfaisant, ne te lasseras-tu point de me persécuter ? Ne te suffit-il pas de m’avoir tourmentée, dégradée, avilie, veux-tu me ravir jusqu’à la paix du tombeau ? Quoi ! dans ce séjour de ténèbres où l’ignominie m’a forcée de m’ensevelir, les peines sont-elles sans relâche, l’espérance est-elle méconnue ? Je n’implore point une grâce que je ne mérite point : pour souffrir sans me plaindre, il me suffira que mes souffrances n’excèdent pas mes forces. Mais ne rends pas mes tourments insupportables. En me laissant mes douleurs, ôte-moi le cruel souvenir des biens que j’ai perdus.
Quand tu me les as ravis, n’en retrace plus à mes yeux la désolante image. J’étais innocente & tranquille : c’est pour t’avoir vu que j’ai perdu le repos ; c’est en