Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceny que je ne l’aimais plus ; je ne crois pas vous avoir jamais donné lieu de le penser ; & cela lui a fait bien de la peine, & à moi aussi. Je sais bien que vous êtes son ami ; mais ce n’est pas une raison pour le chagriner, ni moi non plus. Vous me feriez bien plaisir de lui mander le contraire, la première fois que vous lui écrirez, & que vous en êtes sûr : car c’est en vous qu’il a le plus de confiance ; & moi, quand j’ai dit une chose, & qu’on ne la croit pas, je ne sais plus comment faire.

Pour ce qui est de la clef, vous pouvez être tranquille ; j’ai bien retenu tout ce que vous me recommandiez dans votre lettre. Cependant, si vous l’avez encore, & que vous vouliez me la donner en même temps, je vous promets que j’y ferai bien attention. Si ce pouvait être demain en allant dîner, je vous donnerais l’autre clef après-demain à déjeuner, & vous me la remettriez de la même façon que la première. Je voudrais bien que cela ne fût pas plus long, parce qu’il y aurait moins de temps à risquer que maman ne s’en aperçût.

Et puis, quand une fois vous aurez cette clef-là, vous aurez bien la bonté de vous en servir aussi pour prendre mes lettres ; & comme cela, M. Danceny aura plus souvent de mes nouvelles. Il est vrai que ce sera bien plus commode qu’à présent ; mais c’est que d’abord, cela m’a fait trop peur : je vous prie de m’excuser, & j’espère que vous n’en continuerez pas moins à être aussi complaisant que par le passé. J’en serai aussi toujours bien reconnaissante.