Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/101

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avoir dûment accompli ce pieux devoir. Le 13 février, jour consacré à la mémoire du bienheureux, le grand-kniaze Étienne, avec tous les évêques, prêtres, seigneurs et nobles, arriva au monastère de Stoudénitza. Une foule de dévots, accourus de différents pays, remplissait l’église. On y passa toute la nuit, afin de payer au Seigneur le tribut d’actions de grâces, pour avoir octroyé à la Serbie un si précieux trésor. À l’heure de la grand’messe, le bienheureux Sabba, entouré d’évêques, occupé du service divin, fondit en larmes en adressant au ciel cette prière : Seigneur que ta très-sainte volonté s’accomplisse ! Que ton très-saint nom soit glorifié par le miracle de la myrrhe découlant des reliques de ton élu ! Voici que tout à coup l’église se remplit d’un merveilleux parfum, suave au-delà de toute expression. Tous étonnés et effrayés s’écrient : Seigneur, aie pitié de nous ! À Stoudénitza, comme au mont Athos, tout le monde pouvait voir et entendre la myrrhe jaillissant des reliques, et imitant le bruit de l’eau en ébullition. Le grand-kniaze Étienne, en prince orthodoxe, se tenait près du sarcophage, contemplant le tombeau de son père inondé de myrrhe. Tout à coup, ravi dans une extase de bonheur, il s’écria : Seigneur, aie pitié de nous ! Attendri jusqu’aux larmes, il remercia Dieu de l’immensité de sa grâce, devenue ainsi manifeste et visible. Il chantait à haute voix : Que tu es grand, ô Seigneur, que tes œuvres sont merveilleuses, gloire à toi ! On vit pareillement la myrrhe suinter des fresques peintes sur les parois de l’église (représentant le bienheureux Syméon), ainsi qu’au-dedans du maître-autel. Le peuple glorifiait Dieu et son élu. Après le service divin, et les honneurs rendus à la mémoire du défunt, saint Sabba s’approcha des reliques paternelles inondées de myrrhe, et fit une prière accompagnée de larmes pour exprimer sa reconnaissance. Il oignit son visage et celui de l’autocrate, et de tous ceux qui se trouvaient présents. Plus d’un malade fut guéri, dès qu’il eut été oint de la myrrhe des reliques du bienheureux. Sains et joyeux ils regagnèrent leurs foyers. Saint Sabba, dans un sermon prononcé à cette occasion, s’adressant à l’autocrate et à tous ses auditeurs, énuméra toutes les vertus du bienheureux Syméon qui lui ont valu une si glorieuse récompense de la part du Seigneur, et que nous