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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/105

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vie ascétique du désert, ni ses travaux habituels. Au contraire, il renchérit sur ces derniers, et non-seulement sa vie servait de modèle aux moines, mais encore on le voyait parcourir à pied toutes les provinces de sa patrie, expliquant en véritable apôtre les divins dogmes de la foi, les mystères de l’Église, les saints conciles, les traditions des apôtres apostoliques et la morale chrétienne. Il opéra plusieurs miracles et guérisons, soit par les prières, soit par des onctions avec la myrrhe qui découlait du tombeau de son père. Il établissait des églises, leur prescrivait, selon l’habitude du mont Athos, les chants, les matines et actions de grâces. Par ses soins, les hérésies, les préjugés, le scepticisme, extirpés et rejetés loin de la Serbie, firent place à la propagation de la foi orthodoxe. Il réconcilia ses frères en détruisant radicalement les sujets d’inimitié qui les divisaient. Le grand-kniaze Volkan, son frère, ramené aux sentiments de repentir, se sentit très-honteux de ses méfaits à l’égard de l’autocrate Étienne, et il lui avoua son orgueil criminel, disant : J’ai péché devant Dieu et devant vous ! Alors tous les deux lui pardonnèrent, et il se rattacha à son frère d’un amour plus intime qu’autrefois, joint à une douceur et une obéissance parfaites. La paix revint sur les terres de Serbie qui recula ses limites, tandis que la foi orthodoxe étendait de plus en plus son action et se consolidait. C’est aussi alors que saint Sabba commença à fonder à Gidetcha la grande église cathédrale de l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, chef-d’œuvre d’architecture, qui plus tard devint premier archevêché de Serbie.

Saint Sabba, étant une fois sorti pour voir les ouvriers, trouva un paralytique couché près du grand chemin pour demander l’aumône. Le saint, avec l’aide d’un de ses disciples, ayant posé le malade sur son manteau, le porta à l’église, et le laissa devant l’image du Christ sauveur, médecin de nos âmes et de nos corps. À la tombée de la nuit, le saint resté seul, s’enferma dans l’église avec le malade, et se mit à prier avec larmes, et persuadé que le Dieu miséricordieux aurait pitié du paralytique et le délivrerait de son infirmité. Il s’écria : Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, je te dis, mon enfant, lève-toi et marche droit ! Aussitôt le paralytique sauta de dessus