Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/129

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imposa les mains, le couvrant de ses baisers et de ses larmes. Dans le secret de son cœur, il priait Dieu pour la guérison de son frère, et voici que tout à coup l’autocrate se relève complètement guéri. Ivre de bonheur, il ne sait que faire, ni comment reconnaître les bienfaits du Seigneur qui lui rend tout à la fois son frère et la santé. Élevant ses mains vers le ciel, en action de grâces, il remerciait et glorifiait Dieu à haute voix. Tout en larmes, il tombe aux pieds de son frère l’archevêque, lui exprimant sa gratitude de son retour et de son rétablissement. Pour célébrer ce double bonheur il fit donner un repas splendide à tous, mais principalement aux indigents, afin que tous fussent joyeux et louassent Dieu.

Le saint, remis des fatigues du voyage, alla partager la joie du tzar et lui raconta tout ce que Dieu a fait lors de son séjour à Constantinople. Ensuite, saint Sabba se retira au monastère de Stoudénitza. Entré dans l’église, il fit ses saluts accompagnés de larmes, et couvrit de ses baisers la tombe de son père. Il bénit l’égoumène, les frères et tous les assistants. Quelques jours après il se rendit dans la ville de Gidtcha, siége métropolitain, d’où il écrivit à l’autocrate, son frère, le priant de venir le rejoindre avec tous les évêques, le clergé et les seigneurs. Au jour convenu, en présence d’un peuple nombreux, le saint, assis sur le trône à côté de l’autocrate, déclara à toute l’assemblée les motifs de la convocation. Vous savez déjà, dit-il, comment à deux reprises j’ai fui loin de notre patrie, afin de vivre seul dans le désert, dont les délices me charmaient plus que le parfum de la myrrhe, et auquel je n’ai préféré que l’amour de Dieu. Cependant, pour vous, mes compatriotes, j’ai abandonné ma douce solitude, et je suis venu vous rechercher ici, et, dans l’intérêt de vos âmes, négliger la mienne. Si à votre tour vous m’en tenez compte, en obéissant aux instructions que je vous fais au nom de Dieu, et en observant les commandements divins, alors, au lieu d’avoir perdu j’aurai doublement gagné. Or, je vous supplie, et je vous conjure d’obéir à ma voix. Que dirai-je sur les merveilles de Dieu, pour votre édification ? Puisse Notre-Seigneur Dieu, par les prières de son élu Syméon, notre père, puisse-t-il multiplier en vous le nombre de