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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/137

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monceler en gros grêlons et couvrir une surface égale à celle d’une aire à battre le blé. Le saint remercia la bonté divine, en s’écriant : Gloire à toi, ami de l’homme, toi Père qui dans la miséricorde exauces nos prières ! Il se fit donner un plat d’argent, et après l’avoir rempli de grêlons transparents, il l’envoya au roi avec ces paroles : La glace que j’avais demandée à votre majesté n’ayant pu être procurée, j’ai été forcé d’en demander à notre très-miséricordieux Créateur. Or, ma prière étant exaucée, j’en envoie à votre majesté comme eulogies. Les vôtres peuvent en recevoir aussi s’ils le veulent. Le roi, témoin de ce miracle, saisi d’étonnement et de peur, se repentit de la manière dont il avait répondu aux ouvertures pacifiques du saint. Il regrettait de les avoir repoussées. Enfin, il prit conseil de ses ministres, et rétablit la paix et la bonne amitié d’autrefois. Tous s’empressaient de venir mettre leurs têtes sous ses mains, pour demander sa bénédiction. Saint Sabba leur parlait de Dieu, des commandements divins, de manière à les étonner et les édifier. Quant au roi, il se prit d’un tel amour pour le saint qu’il voulait le voir souvent à sa cour, pour jouir du charme de sa parole instructive et éloquente. Attendri et contrit, il le supplia d’être son père spirituel, et de vouloir bien recevoir l’aveu de ses péchés, qu’il me pouvait plus lui cacher. Grande fut la joie du saint, en recevant la confession du roi. Celui-ci, grâce au traitement habile et efficace du médecin de son âme, se sentit guéri de la lèpre de l’hérésie. Il y renonça pour s’unir à l’église universelle et apostolique. S’étant confessé, il reçut le saint sacrement. Pour remercier l’archevêque qui se préparait au départ, il lui dit : La grâce de Dieu est avec toi, ô vénérable Père ! Béni soit le jour de ton arrivée chez nous, car tu as éclairé mon âme ! Pars, homme inspiré de Dieu, pars en paix. Dis à ton frère, qui est aussi le mien, le roi Étienne de Serbie, qu’il peut dorénavant compter sur mon amitié sincère et solide, et ne nous oublie jamais dans tes saintes prières ! Il joignit à cela beaucoup de dons précieux, félicitant le roi de son sacre et de ses titres de souverain. Le saint, comblé de présents, fut reconduit loin de la ville par le roi et les hauts dignitaires du royaume. Ils s’en séparèrent pénétrés de joie et de satisfaction. Revenu dans