Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Batatz (car Constantinople se trouvait alors entre les mains des Francs et des Vénitiens, et l’empire grec divisé en deux : celui de Bithynie, en Asie, et celui de Salone, en Europe, où régnait Théodore, le même qui, plus tard fait prisonnier de guerre par Aciène, tzar de Bulgarie, eut les yeux crevés, et en mourut). Arrivé à Bithynie, le saint y reçut une hospitalité honorable et amicale. L’empereur Batatz lui donna un de ses navires, pour le transporter jusqu’au mont Athos, avec ses nombreuses reliques, ses présents et ce dont il pouvait avoir besoin. Parmi les présents impériaux, se trouvait un morceau de bois, long et large d’un empan, entouré de pierres précieuses et de perles, détaché de la vraie croix sur laquelle notre Sauveur fut crucifié. Outre cela, l’empereur lui remit beaucoup d’or et d’argent, soit pour distribuer en aumônes aux Pères du mont Athos, soit pour couvrir les frais de son voyage lointain jusqu’à sa patrie. Saint Sabba, arrivé dans la montagne sacrée, alla se reposer dans son monastère de Khilandar, d’où il renvoya les nobles officiers que l’empereur lui avait donnés pour escorte. Le saint pourvut d’abord largement aux dépenses de leur retour, leur remit une lettre pour l’empereur, et les congédia. Après avoir édifié et consolé l’égoumène et ses frères, par ses discours, il célébra la messe, embrassa avec une affectueuse piété le tombeau de son père, saint Syméon, donna à tous des paroles de bénédiction et de paix, et poursuivit sa route vers la Serbie.

À la nouvelle de l’approche du saint, le roi Radoslav se hâta, avec les évêques et les nobles, d’aller à sa rencontre. Ils l’accompagnèrent d’abord jusqu’au monastère de Stoudénitza, où le saint s’arrêta afin de s’y remettre des fatigues de la route et y accomplir un devoir important. Après avoir célébré une messe pour le repos de l’âme de son frère Symon-le-Moine, il ouvre le cercueil et y trouve le corps dans un état de parfaite conservation, exhalant une agréable odeur.Tous partageaient la joie du roi, et avec lui rendirent des actions de grâces. On transporta le corps de Stoudénitza à l’archevêché de Gidtcha, pour l’y déposer dans une tombe de marbre, devenue célèbre par plusieurs miracles et guérisons opérés sur ceux qui, pleins de foi, venaient visiter les reliques. Après cela, le vénérable archevêque fit une