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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/145

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tournée dans l’intérieur du royaume, consolidant l’église, soignant le troupeau, guérissant et consolant chacun. À quelque temps de là, il arriva que le roi Radoslav, pour expier quelques fautes, prit la tonsure monastique, et son frère Vladislav lui succéda (en 1230) au trône de Serbie. Comme ces faits avaient eu lieu sans le consentement de saint Sabba, il en fut mécontent. Toutefois, considérant l’urgence et espérant en Dieu, il oignit et couronna le nouveau roi de Serbie, et lui fit épouser la fille d’Aciene, roi des Bulgares. C’est à cette occasion que Vladislav reçut sa bénédiction et commença la construction du monastère de Milochévo, sous le nom de l’Ascension de Notre-Seigneur. Le saint, voyant sa nation prospérer sous une administration habile, les églises riches et embellies, voulut quitter encore une fois sa patrie pour finir ses jours sur la terre étrangère. Il invita donc le roi et, en présence des évêques, des seigneurs et du clergé réunis, il leur légua et recommanda d’avoir soin du peuple, de la religion, de l’église et de la morale. Après ces instructions, il déclara qu’il serait remplacé sur son siége archiépiscopal par l’un de ses disciples, Arsénius, qu’il avait lui-même choisi, établi et nommé archevêque. Tout cela étant exécuté, le saint dit à tous des paroles de paix et de bénédiction, et il partit avec quelques-uns de ses disciples, emportant de l’or et de l’argent pour les frais de route et les aumônes à distribuer dans les lieux saints et aux indigents. Arrivé dans les eaux de la mer occidentale, à Dioclétie, il s’y embarqua sur un navire préparé d’avance. La nouvelle qu’il partait pour Jérusalem avec de grandes richesses, s’étant ébruitée, quelques pirates qui infestaient ces mers, montés sur des barques (ladia) légères, coururent s’embusquer dans une baie y attendant le moment favorable au pillage. Mais là aussi, Dieu fut son aide et sa protection : des brouillards (magla) couvrirent la baie, et il passa inaperçu. Lorsque le brouillard fut dissipé, les pirates virent de loin le vaisseau du saint entrant déjà dans le port. D’abords courroucés et irrités de leur insuccès, réflexion faite, les brigands reconnurent en lui l’homme de Dieu. Or, ils se rendent chez le saint, lui avouent leur coupable dessein et lui en demandent pardon. Le saint leur donna à manger, fit quelques présents de valeur, et les ayant