Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/147

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bénis et instruits, par un discours approprié aux circonstances, il les congédia. Une bonté de cœur (blaho-outrobié) si parfaite les étonna tellement qu’ils remercièrent Dieu de les avoir préservés d’un sacrilége, et tout en se repentant de leur péché, ils se dispersèrent chacun de son côté. Le saint poursuivant sa route vers Jérusalem, au milieu de gouffres affreux, l’orage éclata tout à coup ; les vagues soulevaient le vaisseau avec une telle violence, que les voyageurs se précipitant vers le saint, s’écrièrent : Aie pitié de nous, ô saint Père, nous allons périr, si tu ne nous sauves par tes prières ! Saint Sabba étendit le bras, fit en l’air le signe de la croix, et dit : Au non de Notre-Seigneur Jésus-Christ, je vous dis, à vous vents et mer, cessez vos fureurs et calmez-vous ! À sa dernière parole, les vents tombèrent et le calme régna. Les témoins de ce miracle, étonnés et effrayés à la fois, glorifièrent Dieu et son élu. Avec l’aide de Dieu, on arriva promptement à Acre, d’où le saint se rendit par terre à Jérusalem ; il y fut reçu par le patriarche Athanase, avec honneur et joie.

Entré dans la grande église, il salua le saint sépulcre ainsi que les saints lieux au dehors et au dedans de la ville, les couvrant de baisers. Le patriarche le bénit et lui donna des guides pour Alexandrie, dont le métropolitain vint à sa rencontre et l’introduisit dans la ville avec beaucoup d’honneurs. Ils passèrent plusieurs jours à savourer la douceur de ses pieuses conversations. Ils visitèrent les églises et les monastères des environs, profitant d’une si bonne occasion. Après quoi, le saint accepta l’offre du patriarche d’Alexandrie de lui donner des conducteurs, pour visiter les déserts de Maréoth, de Libye, de Thébaïde, de Nitrie, etc. Il les parcourut tous, visitant les saints Pères jeûneurs, qu’il trouva rayonnants de vertus comme les soleils du monde religieux. De là, il rebroussa chemin pour retourner à Jérusalem. Chemin faisant, il descendit à Calomna, au monastère de la Très-Sainte-Vierge, construit à l’endroit même où elle s’arrêta avec l’enfant Jésus et son époux Joseph, fuyant Hérode en Égypte. De Jérusalem, notre saint, par une route longue et difficile, pénétra dans la grande Babylone, où le sultan, caliphe turc, l’accueillit honorablement dans une maison préparée