Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/149

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pour lui et pourvue du nécessaire. Le saint alla d’abord à l’église des Trois-Enfants de la fournaise, où il fut reçu avec respect par l’évêque métropolitain des chrétiens. Quant au sultan, il admira le courage du saint vieillard, venant de si loin et avec tant de fatigues, pour voir Babylone. Aussi lui fournit-il tout ce qui était nécessaire pour le retour, en lui donnant des conducteurs chargés de l’accompagner respectueusement jusqu’auprès du sultan d’Égypte et d’en rapporter des nouvelles du saint. Le sultan égyptien reçut Sabba honorablement ; l’ayant fait héberger à ses frais, et lui ayant procuré un séjour tranquille et agréable, il ordonna à ses propres officiers de l’escorter jusqu’au mont Sinaï, et de pourvoir à tous ses besoins. Arrivé au mont Sinaï, au monastère du Buisson-ardent, et de Sainte-Catherine la grande martyre, il salua et couvrit de ses baisers les reliques de la sainte et l’emplacement où le buisson avait brûlé sans se consumer. Sur le sommet du mont Sinaï, où Dieu s’entretint avec Moïse, notre saint pria et pleura longtemps. Pendant le carême que saint Sabba passa au Sinaï, il en visitait le sommet tous les samedis, et n’en redescendait au monastère qu’après y avoir dit la messe. Les aumônes qu’il y distribuait furent nombreuses. Sitôt son retour à Jérusalem, il la quitta pour la grande Antioche, dont le très-saint patriarche le reçut révérencieusement. Il y resta quelque temps pour se reposer. Notre saint fit de riches présents à l’église, au patriarche et à tous les clercs. Ensuite, il partit pour la grande Arménie, recherchant partout les reliques des saints, afin de les emporter dans sa patrie. En traversant la grande Arménie, il y trouva les têtes des cinq couronnés, qu’il acheta pour en doter la Serbie. De là, le saint se rendit au bord de la mer, et y rencontrant un navire nolisé pour Constantinople, il s’embarqua. Pendant la traversée, le saint tomba malade à la suite de ses fatigues excessives, et du roulis du vaisseau ballotté par une mer houleuse. Ses disciples étaient au désespoir de ne pouvoir aborder pour le reposer un peu. Le saint voyant leurs larmes et leur chagrin, dit : Mes enfants, ne vous dérangez ni ne vous affligez point, j’ai confiance en Dieu, il ne vous arrivera aucun malheur. Alors ils le supplièrent de prendre quelque nourriture, pour éviter une mort