Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/153

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Après la fête, le tzar alla chasser la bête fauve. Le saint tomba gravement malade, et, pressentant sa fin prochaine, appela près de lui ses disciples. Il leur remit tous les objets sacrés qui lui appartenaient, et un écrit renfermant le détail de ses dernières volontés. Il les chargea de sa bénédiction et de paroles de paix pour le roi Vladislav, l’archevêque Arsénius, son successeur, et pour chacun de ses compatriotes. Le patriarche bulgare, venu au chevet du malade et voyant sa fin prochaine, lui dit : Permettez-moi d’informer le tzar de votre maladie. Le saint le supplia de ne pas déranger le tzar, disant : Laissez-moi rendre tranquillement mon esprit au Seigneur. Il reçut les saints sacrements. À minuit, sa figure brilla et rayonna comme celle d’un ange. Le saint, très-pâle, dit : « Dieu soit loué en tout ! » Il expira, et l’air se remplit d’un parfum délicieux. Le patriarche lava lui-même le cadavre, pour le revêtir de ses habits pontificaux. Dès le matin, accompagné de tout son clergé et des hauts dignitaires, il conduisit les saintes dépouilles à l’église en chantant des psaumes. On en informa le tzar, lui demandant où il fallait l’enterrer : « En Bulgarie », répondit le tzar, « au monastère des Quarante martyrs de Sébaste », et il fit distribuer beaucoup d’or, pour les funérailles et les pauvres. L’inhumation se fit en grande pompe, le 14 janvier. Par l’ordre de l’empereur, on éleva au saint un tombeau du plus beau marbre, recouvert d’un drap de pourpre, où l’on tenait des cierges et des lampes allumées jour et nuit. Quelque temps après, Arsénius, archevêque de Serbie, demanda au roi Vladislav, à transférer les reliques du saint en Serbie. Le roi s’en chargea lui-même. Après avoir fait un choix particulier des évêques, archimandrites, égoumènes et des seigneurs de sa cour qui devaient l’accompagner, et avoir pris beaucoup de présents, il se rendit chez son beau-père Aciène, roi de Bulgarie. Celui-ci les reçut amicalement. Les fêtes et les réjouissances étant terminées, le roi Vladislav parla de la translation des reliques. Cette proposition affligea beaucoup Aciène. Si le corps de votre père et maître, dit-il, était tombé entre les mains d’indignes hérétiques, vous auriez un prétexte pour insister, mais, grâce à Dieu, nous sommes tous de la même religion, frères dans le Christ et même parents ! J’en prends à