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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/43

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nom ; on vous chassera et on vous injuriera à cause de moi. Bienheureux ceux qui pleurent et souffrent pour mon nom, car ils seront consolés ; réjouissez-vous et soyez dans la joie, car votre récompense est abondante dans les cieux. » L’âme remplie de bonheur, il leur dit encore ceci : « Dieu est notre refuge et notre force, il nous aide dans les chagrins qui nous accablent. Fidèles aux ordres du tzar, ces émissaires voulaient arrêter mon essor vers Dieu et m’arracher d’ici, brisant les liens de cette parenté spirituelle par lesquels je vous suis uni dans le Seigneur. Mais grâce à vos prières et à la lutte que vous avez courageusement soutenue dans vos corps, outragés pour moi, la fureur des assaillants s’est vue impuissante contre vous. » Les moines, ses frères, si cruellement maltraités et encore gémissants de la douleur causée par leurs récentes blessures, trouvent un soulagement instantané dans ces sages et pacifiques paroles. Heureux d’avoir souffert pour le tzarévitch, dont les consolations leur profitèrent si bien, ils oublièrent vite leurs ressentiments et leurs meurtrissures.

La nouvelle se répandit aussitôt sur toute la surface du mont Athos. On se racontait comme quoi le fils du grand kniaze Étienne, autocrate de Serbie, avait quitté son père, glorieusement régnant, et comme quoi, par amour de la vie monacale et de la cellule d’anachorète, il est venu habiter avec nous et vivre à l’image des anges. Tout le monde voulait le voir. Le jour de la grande fête du monastère de Vatopède (dit impérial, ou le plus important dans le mont Athos), anniversaire de l’Annonciation de la très-sainte Vierge, mère de Dieu et notre souveraine, on lui envoya une invitation de la part du prieur de ce vénérable monastère, afin de jouir en communauté de la bénédiction des prières du jour, et de participer aux gloires du culte de l’immaculée mère de Dieu. En y arrivant, il reçut l’accueil le plus amical de la part de tous. Le nouveau venu chanta avec les frères tous les cantiques relatifs à la solennité, puis il visita le monastère dans tous ses détails. Il dit : Que vos tabernacles sont aimables, ô Seigneur des armées ! Enfin, il céda aux prières du prote de l’égoumène et de ses frères en Dieu, qui le suppliaient de rester à Vatopède, parce qu’il convenait