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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/45

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qu’un fils de tzar habitât un monastère impérial. Obéissant au désir des frères et de l’égoumène, il dit : Qu’il est doux pour les frères d’habiter ensemble dans la paix, et l’abondance des bonnes œuvres, vaquant à la prière, et jouissant de toutes les joies et délices de l’âme ! Après un assez long temps, Sabba demanda à l’égoumène de le laisser aller visiter les monastères et les moines du mont Athos. La permission obtenue, il visita tous les ermitages et cellules des pénitents (jeûneurs). Il fit ensuite pieds nus le pèlerinage qu’il souhaitait d’accomplir depuis longtemps au sommet de la sainte montagne. Il y passa à genoux toute une nuit en prières, veillant et adressant à Dieu des supplications qui jaillissaient du fond de son cœur attendri, faisant pleuvoir de chaudes et joyeuses larmes sur la cime la plus élevée d’Athos. Il fit ensuite le tour de la montagne, y visita plusieurs pénitents qui ne vivaient que de fruits et de l’herbe des champs, glorifiant Dieu nuit et jour, n’ayant d’autre soin que de satisfaire la volonté divine. Les uns vivent dans le creux des rochers, ou bien au fond de précipices béants. Les autres, sur des pics et des montagnes élevées, n’ont pour tout abri que des tentes couvertes d’herbages. Ils se récréent au bruit du vent qui souffle dans les arbres et au chant des oiseaux, et cherchent à s’enflammer du feu de l’amour divin, et ainsi malgré leurs corps ils vivent nuit et jour à l’imitation des êtres incorporels. Le vénérable père Sabba, après avoir tout vu, revint dans son monastère. Le front soucieux, il salua l’égoumène, embrassa les frères qui tous lui demandaient les détails de son excursion à la montagne sacrée ; mais ils s’aperçurent que la teinte juvénile qui illuminait son visage était altérée. Ils ne s’imaginaient pas les peines qu’il avait eues à souffrir durant son pèlerinage, fait pieds nus, dans des chemins rocailleux, où souvent il se meurtrissait contre la pierre. Après les avoir entretenus pendant quelques instants, il se retira pour se reposer de tant de fatigues. Longtemps après, il vint chez l’égoumène et lui demanda la permission de vivre en ermite sur l’Athos. L’égoumène, étonné d’une si étrange demande, et peu disposé à la lui accorder, dit que quiconque n’a pas solidement fixé son pied sur le premier degré, ne doit pas s’aventurer vers les hauteurs de l’échelle qui