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Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/67

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beaucoup de larmes et le dernier baiser, chacun se retira de son côté. Plusieurs nobles Serbes suivirent le vénérable Syméon jusqu’à la sainte montagne d’Athos ; ils y reçurent la tonsure monastique, et dès lors aimèrent à suivre la voie d’humilité.

En apprenant leur arrivée au monastère de Vatopède sur le mont Athos, l’égoumène, suivi de tous les frères de la congrégation, sortit à leur rencontre, faisant des prières appropriées à la circonstance. Il reçut amicalement le vénérable Syméon et ceux qui étaient avec lui. On entra dans l’église, et les dévotions achevées, tous allèrent un à un saluer et embrasser Syméon. Lorsque son fils de prédilection, Sabba, vint l’embrasser, ce fut d’abord un moment de silence : par l’effet de l’ineffable joie de se revoir enfin, on n’entendit pas une exclamation, pas un mot échangé entre eux. Le vieillard serait tombé s’il n’eût été soutenu. Il inondait de ses larmes la tête de son fils bien-aimé, qu’il désirait voir depuis si longtemps ; il le couvrait de baisers, et le pressait souvent contre son cœur. Le fils aussi, quelles actions de grâces ne rendit-il pas à Dieu, pour avoir pu contempler la vénérable figure de son père, entourée de l’auréole des anges (c’est-à-dire devenu moine), et de voir s’accomplir le fait qu’il appelait de tous ses vœux. Le bienheureux Syméon et ses compagnons de voyage, remis des fatigues de la route, offrirent des vases sacrés au monastère et de magnifiques tentures, ainsi que des chevaux et des mulets à l’usage de l’établissement. Ils remplirent deux outres d’argent monnayé, et firent de riches présents à l’égoumène et à chacun des frères moines en particulier. Quant aux compagnons de voyage de Syméon, après s’être suffisamment reposés, les uns restèrent au monastère pour y vivre en moines comme lui, les autres regagnèrent leurs foyers.

La nouvelle de l’arrivée du tzar-moine dans la montagne sainte y fut reçue avec autant d’étonnement que de gratitude envers Dieu. Tous les égoumènes et les Pères délégués exprès arrivèrent, au nom de leurs monastères, pour voir et embrasser le vénérable ex-roi, déjà connu comme leur bienfaiteur généreux et leur aide dans le besoin, par l’entremise de son fils. Le saint père et son fils Sabba les pourvoyaient tous à pleines mains. Voyant que journel-