Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/73

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D’une voix unanime, ils glorifièrent Dieu d’abord, puis témoignèrent leur reconnaissance envers l’empereur, et remercièrent Sabba des peines qu’il s’était données et de son zèle pour les intérêts du couvent. Va, disaient-ils, communiquer toi-même la bonne nouvelle à ton père. Grande fut la joie du vieillard ; il remercia Dieu et la Vierge immaculée, en apprenant tout de la bouche de son bien-aimé, qui l’assura de la bienveillance de l’empereur à leur égard, remettant personnellement l’or, la lettre et ses salutations de vive voix, et enfin le diplôme signé par l’empereur conférant la possession de Khilandar. Le lendemain, le saint ayant appelé l’égoumène et les frères, leur remit la lettre de l’empereur en réponse à leur demande, la donation de Khilandar et l’or, que Sa Majesté leur envoyait pour les besoins du monastère. Peu de temps après, Dieu inspira un bienfaisant vieillard qui vint chez saint Sabba, et lui dit : C’est une œuvre méritoire que celle que vous faites, vous et votre père, aimant les pèlerins et les pauvres et, pour l’amour de Dieu, faisant du bien dans les saints monastères, surtout à Vatopède. Mais en agissant ainsi, vous n’assurez que votre salut individuel, et votre œuvre ne vivra que la durée de votre vie. C’est pourquoi, agréez bien l’avis que je vous donne ici de la part de Dieu, et que je vous supplie et conseille de mettre à exécution. Maintenant, Dieu aidant, tout vous est possible et tout vous réussira. Comme autocrate dans votre terre natale, et apparenté avec notre empereur, actuellement régnant, vous n’avez qu’à demander quelque chose pour l’obtenir aussitôt. Eh bien, profitez-en pour demander et obtenir que le monastère de Khilandar appartienne désormais à votre nation et à votre langue. Qu’il soit nommé votre monastère serbe. Que tous vos compatriotes qui aiment Dieu et qui voudraient se retirer de la vie mondaine, pour vivre dans la montagne sainte, y trouvent un asile national, possession dont ils hériteront après vous. Pensez-y, et voyez combien d’honneur et de bénédictions de Dieu, il en résultera pour vous, ici et là-haut. Le bienheureux Sabba ne douta pas que ce ne fût un conseil transmis directement du ciel, ou par l’entremise d’un ange céleste. Il remercia donc Dieu et, obéissant au vieillard, il s’empressa de proposer cet arrangement à l’égoumène et aux