Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/85

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point de pouvoir intercéder en votre faveur. Il posa ses deux mains sur Sabba, le bénit, et l’entoura de ses bras, en lui donnant le dernier baiser. Il fit ensuite des dispositions testamentaires concernant ses saintes reliques, que voici : Dans un moment propice, Dieu aidant, tu recueilleras les ossements de mon misérable corps, pour les ramener toi-même en la terre de mes ancêtres et les déposer au monastère de Stoudénitza, dans l’église que j’y ai construite. Sabba, le sage selon Dieu, promit d’exécuter volontiers tous ses ordres. Voyant tous les frères avec l’égoumène, réunis autour de son lit, il appelait chacun par son nom, le bénissait et se recommandait à leurs prières. Après les avoir congédiés, il leur défendit de venir chez lui jusqu’au lendemain matin. Ensuite, il participa aux saints mystères, récitant à haute voix ses actions de grâces. Il eut un paroxysme de fièvre. Saint Sabba passa toute la nuit à son chevet, récitant tous les psaumes et, à l’aube du jour, il le transporta sous le portique de l’église. L’agonisant était sur le point de rendre le dernier soupir, et c’est à peine s’il pouvait soulever sa main vers l’image du Christ et de la très-sainte Vierge qu’il regardait avec joie. Il avait l’air d’accompagner les chants de quelqu’un, mais on ne put comprendre que les derniers mots qu’il prononça d’une voix forte et claire : Que tout ce qui respire loue le Seigneur ! et il s’endormit en Dieu, comme d’un sommeil paisible, le 13e jour de février (1200). On l’enterra ensuite dans un sarcophage de marbre, dans l’église, après les chants d’usage. Les aumônes que le bienheureux Sabba distribua aux pauvres en mémoire du défunt, furent si abondantes qu’il ne resta rien pour lui-même. Ce fut alors qu’il se rappela cette digne dame de Constantinople qui lui apprit l’existence des trésors. À cet effet, après ses prières adressées au ciel, il se rendit avec ses disciples au lieu désigné. Convaincu de leur discrétion, il s’avança, se mit à creuser un peu, et voici que la terre restitua, on dirait de ses propres mains, l’or qu’elle cachait dans ses entrailles. Saint Sabba porta le trésor au couvent, et ainsi se réalisèrent ces paroles du prophète, qui dit : L’or est à moi, et l’argent est à moi, et je les donnerai à qui je veux. En prenant cet or et cet argent, don de Dieu, saint Sabba ne voulait point les garder en usurier : il en donna une partie au mo-