Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/93

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digne serviteur, j’oserai m’enorgueillir à la face du monde parce que tu as exaucé ma prière. Je redoublerai d’efforts pour te complaire ! Tous les hommes le verront en glorifiant ton saint nom, et ils glorifieront encore et encore, toi avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles ! Amen. Ayant entre les mains tant de preuves de la bienveillance impériale, il convoqua le prote, tous les supérieurs religieux et les vénérables Pères des monastères et du désert de la montagne sainte, pour honorer la mémoire de son bienheureux père Syméon, dans son couvent de Khilandar. Après avoir orné l’église et le tombeau du bienheureux, il reçut le prote et l’introduisit dans l’église, en disant : Moi et mes compatriotes Serbes, nous monterons sur la tour (stolbe) de l’église de Saint-Jean le précurseur, pour y faire la vigile. Vous, saint père, et tous les vôtres, réunis dans la basilique, vous chanterez les matines et des cantiques commémoratifs près du tombeau de mon père ; je vous en supplie, n’épargnez pas des prières pour le repos de son âme. Si Dieu veut glorifier son serviteur par quelque signe extraordinaire, appelez-moi, je viendrai aussitôt. Il ferma l’église et en remit la clef au prote, reçut sa bénédiction, et monta sur la grande tour. Le prote, n’ayant pas bien compris ce que le saint voulait dire, se contenta de répondre : Que la volonté de Dieu soit faite ! Remettant la clef au desservant, il retourna dans sa cellule pour y prendre du repos. Sabba, qui portait Dieu dans l’âme, veilla pendant toute la nuit : il redit les premières prières, mainte fois il se prosterne et cherche à mériter la grâce de Dieu, et obtenir l’accomplissement de sa demande antérieure, disant : Ô toi le meilleur des souverains, exauce ton serviteur qui recourt à ta suprême bonté ! Seigneur, répands ici la grâce du Saint-Esprit, sur les ossements de mon père, ton serviteur, ossements jadis fatigués et brisés par les jeûnes faits pour ton amour ! Daigne honorer ses reliques et fais qu’elles distillent la myrrhe, et que la gloire de ton très-saint nom soit exaltée à travers les siècles ! Or, voilà que le prote et ceux qui, avec lui, étaient occupés dans la basilique à chanter les matines, s’aperçoivent que le sanctuaire s’est rempli soudain d’un parfum suave au delà de toute expression, et la myrrhe bouillonnait avec bruit et découlait du sarcophage