Page:Chodzko - Légendes slaves du moyen âge (1169–1237), 1858.djvu/99

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sang versé, et nous sommes tombés sous l’esclavage des étrangers ! Nos ennemis nous exterminent, parce que nos frères se haïssent l’un l’autre. Nous sommes en butte à l’outrage et à la dérision de nos voisins. Et qui sait si votre arrivée en Serbie et vos prières ne nous rendront pas la faveur du Seigneur, qui réunira notre dispersion et humiliera nos adversaires ? Sabba ayant lu ce message de son frère bien-aimé, s’en affligea beaucoup. Son cœur se brisait de douleur, compatissant aux malheurs d’Étienne. Il désirait relever son âme affligée et abattue par le désespoir, consoler le frère et en même temps remplir les dernières volontés du père. En homme qui n’espère qu’en la divine Providence, il suppliait Dieu, les larmes aux yeux, de diriger ses pas sur cette nouvelle route, selon sa volonté divine. Là-dessus, remettant sa vie entre les mains du Seigneur, il prend avec lui quelques prêtres, emporte les reliques du bienheureux Syméon, et, après avoir prévenu l’autocrate de son arrivée prochaine, il part avec les ossements vénérables. Étienne tout joyeux de la réception de cette nouvelle, remercia Dieu en ces termes : Gloire à toi, ô le meilleur des meilleurs, maître suprême, tu as écarté loin de nous nos ennemis, et tu as créé les anges pour nous les envoyer ! Le tzar mande l’archevêque, les moines, les serviteurs de l’église et les seigneurs. Il les conduit tous jusqu’aux frontières grecques, où il rencontre les vénérables restes de son père et le bienheureux Sabba, son frère ; il les accueille alors avec tous les honneurs, chantant des psaumes et des cantiques spirituels, portant cierges et encensoirs. C’est au milieu d’une allégresse ineffable et des larmes de joie que, chacun honorant ces saintes reliques par des génuflexions, et les baisers qu’il y déposait, elles furent reçues et portées sur les bras avec une vénération et une piété extrêmes. Le tzar les accompagna jusqu’au monastère de Stoudénitza, où elles furent déposées dans un nouveau tombeau en marbre. Pendant cinq jours consécutifs, ce n’étaient que des ovations, des prières publiques et des fêtes. Après quoi chacun regagna ses foyers. Saint Sabba et les moines, amenés par lui du mont Athos, restèrent à Stoudénitza, attendant le jour anniversaire de la mort du bienheureux Syméon, afin de le célébrer en son honneur et de ne s’en retourner qu’après