entièrement la raison à M. de Saint-Far ; son esprit éminent réunissait les charmes de la saillie, la gaîté de l’innocence, le sérieux de la sagesse et l’abandon du sentiment. Quoiqu’il y eût beaucoup de monde chez le président, madame Durancy captiva presque exclusivement les hommages des hommes ; elle ne disait pas un mot qu’on n’eût voulu avoir dit soi-même, mais elle était trop supérieure et surtout le laissait trop paraître pour plaire généralement ; les hommes eux-mêmes la trouvaient au-dessus d’eux. L’orgueil ne pardonne pas un semblable triomphe ; et l’instant où l’on est forcé de se l’avouer est celui où l’on jure une haine éternelle. Il fallait l’égaler en esprit, pour l’apprécier et l’aimer ; tel était M. de Saint-Far : ce qui repoussait les autres fut pour lui un aimant irrésistible, il
Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/27
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 23 )
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/27/Choiseul-Meuse_-_Am%C3%A9lie_de_Saint-Far%2C_ou_la_fatale_erreur%2C_1808.djvu/page27-1024px-Choiseul-Meuse_-_Am%C3%A9lie_de_Saint-Far%2C_ou_la_fatale_erreur%2C_1808.djvu.jpg)