Aller au contenu

Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 186 )

ma bouche ; jamais je ne lui dis : « Je vous aime. » Jamais nos lèvres ne se touchèrent ; je lui refusai jusqu’au moindre baiser. Un tel excès de rigueur aurait désespéré tout autre. Précourt en devint mille fois plus amoureux. Il s’était jusqu’alors déchaîné contre les femmes ; il les croyait toutes également perverties. Il déclara hautement qu’il s’était trompé, qu’il en existait une que rien ne pouvait séduire, et il ne manquait pas d’ajouter que ce phénix l’adorait. Enfin, les choses allèrent si loin, qu’elles vinrent jusqu’aux oreilles de ma tante, qui se trouva fort scandalisée que l’on osât me prodiguer de pareils éloges. On ne vante la vertu d’une femme, disait la sage Rosa, que lorsque d’autres ont commencé à la révoquer en doute ;