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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/220

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soit l’obscurité de celle qui m’a donné le jour, je n’en rougirai jamais. D’après le nombre des enfans naturels du duc de N**, vous jugez combien il aimait les femmes ; il suffisait d’être jeune et jolie pour exciter ses désirs, et sa beauté mâle et ses grâces peu communes lui laissaient rarement rencontrer de cruelles. Mon père, allant un jour visiter une de ses terres, fut charmé de la fraîcheur de la fille de son garde-chasse. Lise avait quinze ans et toute l’innocence de cet âge : la séduire fut l’affaire d’un moment, elle fut mère avant de savoir qu’elle pût le devenir. Le désespoir de Lise, en s’apercevant du résultat de sa faute, égala la joie qu’elle avait ressentie en se voyant aimée de son seigneur : elle pleura, elle