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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/454

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Qu’il vous suffise de savoir que je passai deux jours et une nuit auprès du lit de mon malheureux amant ; ce que je souffrais était inexprimable. Je n’avais jamais su apprécier le marquis qu’au moment où je le perdais. C’est à cette heure funeste que je connus tout l’amour qu’il avait pour moi ; j’aurais voulu pouvoir le suivre au tombeau.

L’heure fatale approche ; Bellegrade la sent, il me presse sur son cœur. Je vais t’attendre dans le ciel, me dit-il ; oui, dans le ciel même j’oserai t’adorer ! Emportée par mon désespoir, je lui jure de n’avoir jamais d’autre époux que lui.

J’attendais cela pour mourir, répond-il en se penchant sur ma bouche. Il pousse un profond soupir, et je reçois son âme dans un dernier baiser !…