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car y a-t-il dans la nature un être qui ne se croie pas malheureux ! Chaque mortel imagine avoir à lui seul épuisé tous les traits du sort. Si j’avois de pareilles plaintes à faire, mon cher Armand, je pourrois espérer du moins exciter votre pitié, et je ne manquerois pas de vous prévenir que vous allez verser tant de larmes, que vous serez plus d’un an sans pouvoir pleurer ; mais, hélas ! cette ressource me manque ; je n’ai jamais excité que le désir ou l’envie, et s’il vous faut du pathétique, je vous conseille de me faire grâce du sacrifice que mon extrême amitié me dispose à vous faire.

Ô mon ami ! à quoi me suis-je engagée ! Vous ne pouvez prévoir l’excès du danger auquel ma condescendance m’expose ; malgré tous les attraits que le monde avoit pour moi,