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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/11

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du Voyage de Siam.

duire juſqu’au Mingan. C’eſt un rocher qui eſt à l’entrée de la rade : il eſt juſtement au milieu du paſſage ; & l’on voudroit bien y faire un fort, & y mettre une bonne batterie. On y a déja jetté beaucoup de pierres : mais la mer en défait plus en un quart d’heure qu’on n’en a fait en ſix mois. On travaille à faire une batterie de chaque côté du paſſage : le canon ſe croiſera ; mais s’il y avoit encore une batterie ſur le rocher au milieu, il ſeroit impoſſible aux vaiſſeaux ennemis d’entrer dans la rade, où plus de dix mille navires ſeroient en ſureté.

A quatre heures aprés midi le vent eſt tombé, & nous avons eſté obligez à mouiller à quatre lieuës de Breft vis-à-vis au Camarer. Une groſſe flûte de Lubek eſt venuë mouiller à la demiportée du canon : on y a envoyé dans notre canot un bon Champenois, qui s’étoit embarqué ſans eftre à perſonne, & qui à toute force vouloit aller à Siam. Il ne reſſembloit pas à mon petit Peintre, qui à la veuë de la mer eſt tombe malade, & qui a eſté guéri dés que je lui ai dit qu’il pouvoit aller revoir les tours Notre-Dame & ſa marraine.

A cinq heures le Nordeft eſt revenu. On a appareillé : on a envoyé à la frégate les ſignaux, afin qu’elle obéift aux ordres du Commandant ; & nous avons remis à la voile. Nous avons veu en paſſant plus de trente voiles, qui