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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/130

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Journal

mais avec un peu trop de véhémence, qu’il ſçaura bien modérer à la Chine. Car on n’y prêche point, on parle de bon ſens, on raiſonne juſte ; & quand les Chinois voyent un Prédicateur tout hors de lui, qui crie du haut de la tête, ils ſe mettent à rire, & diſent : À qui en a-t-il ? contre qui veut-il ſe batre ? & croit-il me perſuader en me montrant qu’il ſe laiſſe aller à ſes paſſions, & que la colere le tranſporte ?

30. Juillet.

NOus faiſons toujours le Nordeſt quart d’Eſt par un fort joli petit temps. La mer eſt la plus belle du monde. Nous avons toutes nos voiles dehors : je ne vous les ai point encore nommées par leur nom. Nous faiſons bien trente lieuës par jour, & ſommes à 15. degrez, à peu prés à deux cens lieuës de Bantam. Si le vent vouloit un peu fraîchir, & ſe ranger de l’arriere, nous pourrions encore eſtre à l’entrée du détroit dans ſept ou huit jours.

31. Juillet.

NOus allons toujours doucement. Le matin le vent vient un peu de l’avant, & le ſoir il retourne au Sueſt. L’Iſle des Cocos eſt doublée. Les oiſeaux, que nous voyons, font connoître que nous n’en ſommes pas loin. Que ſi les Hollandois nous ont dit vrai, ſi la pointe de l’Iſle de