Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
Journal

l’entend, pas même les Siamois. Mais apprenez un miracle de la patrie. Depuis que les Mandarins ont veu des figures bazanées & des dents noires, on ne les reconnoît plus. Ils n’avoient pas ſorti depuis Breſt deux fois de leur taniere : ils ſont toujours ſur le pont, rient aux anges, jouent à de petits jeux. Auſſi ont-ils mangé du betel & de l’areque : ce ſont leurs pêches madeleines. Je croi qu’à Siam nous leur trouverons de l’eſprit : Dieu veuille que nous n’y ſoyions pas des ſots.

14. Aouſt.

NOus levaſmes l’ancre hier aprés-dîné, & fiſmes deux lieuës. Le calme vint, nous mouïllaſmes. On a mis à la voile à midi : mais à peine l’ancre a-t-il eſté levé, que lèvent eſt tombé. Nous avons pourtant fait prés d’une lieuë ſans vent. Les courans entrent dans le détroit depuis trois heures du matin juſqu’à trois heures aprés midi, & puis ils en ſortent. Quand on a veu le courant contraire & point de vent, mouille ; au moins nous ne perdrons rien. Nous voyons le Cap de Bantam.

15. Aouſt.

UN peu de vent & le courant nous ont amené à trois lieuës de Bantam. Il a fallu mouïller, parce que la marée devenoit contraire. On a réſolu d’aller à Bantam, & non plus à Batavie ; & cela