Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
du Voyage de Siam.

de la naiſſance du Roi, on auroit bu bien du vin, & fumé bien des pipes ſur les rempars de la citadelle au bruit de tout le canon ; mais qu’ils n’oſoient, à cauſe du Saint qu’ils auroient peur d’honorer.

On embarquera demain nos malades, qui ne le ſont plus gueres. Les rafraîchiſſemens ne leur manqueront pas ſur la route. Il n’y a que M. d’Arbouville, qui eſt toujours fort foible : il y a deux mois qu’il a le flux de ſang ; c’eſt un mal dangereux dans les païs chauds. Je crois que le 26. de ce mois, à la pointe du jour, nous mettrons à la voile avec un petit vent de terre, qui ne manque jamais de ſe lever tous les matins. Notre pilote Hollandois nous mene par le détroit de Banka. Il y a mené pluſieurs fois de grands vaiſſeaux, & paroît ſeur de ſon fait. Outre que c’eſt le plus court, nous ne perdrons point la terre de veuë d’ici à Siam, & nous pourrons encore prendre quelques ſalades à Poltimont, qui eſt à moitié chemin. Ainſi, Monſieur, vous pouvez juger que notre voyage eſt bien avancé, & que toute la fatigue en eſt ôtée. J’ai ramaſſé de bonnes choſes pour M. l’Abbé Baudrand, des royaumes, des villes, des fortereſſes dont il n’a jamais ouï parler : il ſera bien-aiſe.

Il eſt arrivé ici un vaiſſeau Hollandois, parti d’Amſterdam au mois de Décembre dernier. Il a eſté deux mois en calme ſous la ligne, & n’a pu