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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/17

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du Voyage de Siam.

pourtant nous en approcher plus prés que de dix lieuës.

Le vent ſe ſent de la douceur du climat : la mer eſt fort tranquille, & nous n’allons plus ſi vîte. Je n’ai point d’autres nouvelles à vous dire, ſinon, que les Jeſuites & les Miſſionnaires ſont tous les jours en querelle, à qui aura le plus de ſoin des malades, à qui aura la derniere place à table.

11. Mars.

CE matin nous avons encore veu Madere. Les terres en ſont fort hautes, & toutes couvertes, à ce qu’on dit, de vignobles & de fruitiers. La Maligne s’eſt approchée fort prés : tout le monde s’y porte bien. Nous n’avons ſur notre bord qu’un matelot malade, à qui on a porté notre Seigneur aprés la Meſſe.

On n’a pu prendre hauteur : nous avons peu de vent, & nous allons préſentement à la bouline ; mais c’eſt une bouline fort douce, parce que la mer n’eſt pas haute.

A deux heures aprés midi on a veu trois baſtimens ſur notre route. Auſſitôt pavillon blanc, & arrive. C’eſtoit des Anglois, une frégate de vingt pieces de canon, & deux flibots. Ils ont paſſe fierement ſans nous ſaluer, & nous avions pourtant meilleure mine qu’eux. Nos Miſſionnaires n’eſtoient pas trop contens de leur peu de civilité ; ſi ç’avoit eſté des Hollandois ou des Eſ-

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