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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/172

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Journal

c’eſt un pauvre navire marchand où tout le monde dormoit, qui nous voyant ſi prés de lui, a voulu arriver pour paſſer à notre arriere : il a mal manœuvré, & contre ſon intention nous a abordez. Un moment aprés arrive la Maligne toute furieuſe. Elle s’eſtoit éveillée au bruit de la mouſqueterie, & venoit bien parée pour eſtre de la fête. Toute cette jeuneſſe eſtoit ſur le pont prête à ſauter dans le bord ennemi. On leur a dit ce qui nous eſtoit arrivé : les ſabres ont eſté remis dans le foureau ; & j’ai eſté me recoucher. Voici un joli article pour le Journal. Il n’y a point eu de ſang répandu ; & cependant cela nous a donné un petit air de guerre qui ſied bien.

Nous avons déja fait bon chemin ; & ſi le vent continuë, nous verrons avant la nuit le détroit de Banka.

La hauteur s’eſt trouvée de 4. degrez 26. minutes. Quand nous aurons paſſé la ligne, nous n’aurons plus que 14. degrez juſqu’à Siam.

28. Aoust.

NOus mouïllaſmes hier au ſoir à 14. braſſes : on avoit creu voir terre, & il eſt bon de ne la reconnoître que de jour. Ce matin, en appareillant, la Maligne a envoyé ſa chaloupe à bord demander des poulets & du vin pour M. d’Arbouville, qui eſt toujours fort malade. Son mal n’a point diminué à Batavie. Les matelots