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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/198

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Journal

moleon a d’obligation à Théophile de lui avoir ouvert l’eſprit ! Auſſi vous puis-je aſſurer qu’il en aura une reconnoiſſance éternelle : oui éternelle, car j’eſpere qu’elle paſſera dans l’autre vie, & que dans la Jéruſalem céleſte Timoleon s’écriera : Seigneur, ſi je chante vos louanges, ſi je vous vois, ſi je vous aime, c’eſt à Theophile aprés vous, Dieu de miſéricorde, à qui j’en ai la premiere obligation.

M. Veret nous a dit encore que toute la riviere eſt couverte de balons dorez, & de Mandarins ; que M. Conſtance eſt déja à Banko ; que tout Siam ſe remuë pour la réception de M. l’Ambaſſadeur ; qu’on a coupé plus de cinq cens pieces d’étoffes d’or, d’argent, & de ſoie, pour meubler ſon palais ; que tous ſes gentilshommes & ſa ſuite auront des Chambres à la Françoiſe, que la baſſe-cour ſera bien garnie ; que le Roi veut nourrir les deux navires ſans qu’il en coûte un ſou aux François. En voilà, bien : & au bout de tout cela s’il ſe fait Chrétien, ne l’aimerez-vous pas autant que moi ? C’eſt beaucoup dire, car je me ſens déja une grande tendreſſe pour ſa Majeſté Siamoiſe.

8. Octobre.

M. de Metellopolis, & M. l’Abbé de Lionne ſont arrivez à bord ce matin avec deux Mandarins qui ont complimenté M. l’Ambaſſadeur de la part du Roi, & l’ont prié de mettre pié à terre.