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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/20

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Journal

nous entendre crier, Vive le Roi. On reſpecte beaucoup Sa Majeſté ſur la terre, mais on l’aime bien, ſur la mer. Je ne ſçai pas pourquoi cela : cherchez, vous qui ſçavez tout. Eft-ce à cauſe qu’il nous donne ſur la mer tout ce que nous mangeons, & tout ce que nous beuvons ? Ne fait-il pas de même lur la terre ? & lequel de nous n’eft pas chargé de ſes bienfaits ? Il me vient à l’eſprit une bonne raiſon. Nous ſommes ici à tous momens, ou nous devons eftre, prêts à rendre conte à Dieu : nos devoirs nous preſſent ; & l’un de nos plus grands devoirs, eſt d’aimer notre Roi. Je vous aſſeure que nous n’y manquons pas. Pour moi, je ne croi pas qu’il y ait un meilleur ſéminaire qu’un vaiſſeau ; & je ne me ſuis pas encore repenti d’eûre venu ſa quefia gfilia.

13. Mars.

ON a découvert l’Iſle de Palme, l’une des Canaries. On dit qu’il y a de bonnes confitures. Les montagnes y ſont couvertes de neige.

La hauteur s’eſt trouvée de 18. degrez 50. minutes.

Enfin nos têtes commencent à ſe nettoyer, les vapeurs ſe diſſipent, & nous nous accoûtumons à la mer. Nous avons mis le nez dans le Portugais ; & de réſolution faite, dans huit jours on ne parlera plus François ſur le vaiſſeau. Les ſoirs ſeront employez à l’Aſtronomie. Nous n’a-