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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/284

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Journal

loin. Le combat acommencé. Deux éléphans ſe ſont donnez quelques coups de dent & de trompe : le Roi les a fait bientôt ſéparer, & a repris le chemin de la ville. Il a paſſé devant nous avec un viſage riant, & s’eſt arrêté auprés de la troupe des François. M. Conſtance a fait avancer M. de Vaudricourt ſur ſon éléphant. Il a ſalué le Roi, qui lui a ſouhaité un heureux retour, & lui a fait donner en ſa préſence une veſte de toile d’or de Perſe, avec des boutons d’or, une chaîne d’or, & un ſabre de Japon, dont la poignée eſt d’or, & le foureau garni d’or. Il faut remarquer qu’il y a des ſabres de trois ſortes ; & celui-ci eſt de ceux que le Roi donne à ſes Généraux d’armées. Sa Majeſté a dit à M. de Vaudricourt qu’il eſtoit perſuadé que ſi on l’attaquoit, il ſe défendroit bien ; & il a répondu qu’il ſe ſerviroit de l’épée que le Roi lui venoit de donner. Voilà des manieres honnêtes, qui ne ſont gueres d’un Roi Indien qui ſe croit une divinité ; mais auſſi ne les a-t-il que pour les François. Ce préſent eſt beau, & vaut au moins deux mille écus. M. joyeux a fait auffi la révérence au Roi, & a eu pour préſent un ſabre d’or, une chaîne, & une veſte ; le tout de moindre prix, ainſi qu’il convient au Capitaine d’une frégate. Il faut avouer que M. Conſtance fait bien les choſes ; & quand dans une affaire difficile il ne trouve pas les expédiens, c’eſt qu’il n’y en a point. Aprés que le Roi a eſté paſſé, M. Conſtance nous