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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/290

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Journal

26. Novembre.

TOus les jours plaiſirs nouveaux. Nous avons veu le combat de trois éléphans contre un tigre. La partie n’eſtoit pas égale. Les éléphans avoient ſur le nez un maſque de cuir, derriere lequel ils cachoient leur trompe en la recoquillant, & ils attaquoient le tigre avec leurs défenſes. Le tigre ſe jettoit quelquefois ſur le maſque : il a mordu à la jambe un éléphant qui a beaucoup crié. Enfin le tigre ou fatigué ou poltron, s’eſt rendu, & a fait le mort. Les éléphans l’alloient tourner doucement, & quelquefois il ſe relevoit. Ces pauvres éléphans obéïſſoient à la voix de leurs conducteurs, & pouſſoient fort quand on leur diſoit. Les relations ſont pleines d’hiſtoires d’éléphans : je m’en vais pourtant vous en conter une, dont M. l’Evêque de Métellopolis eſt garant. Il y avoit dans un convent de Franciſcains à Ceylon un petit éléphant qui venoit dîner & ſouper au réfectoire. Sa mere trop grande demeuroit à la porte, & l’obſervoit quand il faiſoit quelque ſotiſe, qu’il renverſoit quelque portion, elle l’appelloit rudement, & lui donnoit cinq ou ſix coups de trompe, plus ou moins ſelon ſa faute. Mais entre Siam & Porcelonc il y avoit un éléphant voleur de grands chemins. Il ſe jettoit ſur les paſſans, les renverſoit, & les dépouilloit fort adroitement ; quelquefois il les tuoit : il portoit