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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/310

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Journal

ple, ils donnoient un homme lettré pour mille écus ; & de-là vient que ces Tartares occidentaux ſont devenus aſſez bien policez avec leurs eſclaves lettrez. Il y a prés de deux ans que l’Empereur de la Chine prit par aſſaut l’Iſle Formoſe, & y trouva quantité de braves officiers qui prirent ſon parti. Ils lui ont perſuadé qu’eſtant paiſible poſſeſſeur d’un grand empire, il ne devoit plus payer de tribut. Il les a creus, & l’a refuſé, & a envoyé de groſſes armées ſur la frontiere de la Tartarie occidentale. Tous les Chinois ſont préſentement ſoumis aux Tartares, & tous ont fait couper leurs cheveux. Chaque Chinois depuis ſeize ans juſqu’à cinquante-cinq, paye deux mayons qui ſont dix-huit ſols de notre monoie, & eſt encore obligé à quelques ſervices perſonnels. Ces grandes & épouvantables murailles, dont toutes les relations parlent, n’ont que ſix braſſes de haut, à ce que dit le Mandarin Chinois. Le palais de l’Empereur a une lieuë de diametre. Du temps de l’invaſion des Tartares, il y avoit un Roi de Corée tributaire de la Chine. Il implora le ſecours de l’Empereur du Japon, dont les terres ne ſont ſéparées de la Corée que par un très-petit bras de mer. Les Tartares & les Japonois ſe firent une rude guerre ; & enfin partagèrent la Corée, dont les Japonois eurent la moitié la plus orientale, & leur voiſine. On porte de longs cheveux dans cette partie de la Corée ; & dans l’autre on eſt