il l’envoya faire la guerre au Roi de Chiampa, qui eſtoit alors fort puiſſant. Il lui donna des officiers qui eſtoient tout à lui, & qui avoient ordre d’abandonner le jeune prince dans le combat : mais ils le virent ſi brave, & ſi digne de les commander, qu’ils lui furent fidelles. Il s’empara en quelques années de cinq provinces de Chiampa : quantité de familles Tonquinoifes vinrent s’établir dans les nouvelles conquêtes ; & il ſe vit maître d’un aſſez joli état avec des troupes fort aguerries. Alors le Chua de Tonquin eut de la jalouſie, & le rappella ſous prétexte de lui remettre le gouvernement. Il ne voulut pas s’y fier, & s’excuſa ſur la néceſſité de ſa préſence pour aſſurer ſes conquêtes. Il s’appelloit feulement Caibak, c’eſt à dire colonel ; & ce fut ſon fils qui oſa le premier prendre le titre de Chua. Il fit en même temps élever quelques fortifications ſur les frontieres de Tonquin & de Cochmchmc, & refuſa d’aller rendre l’hommage au Bua de Tonquin. Le Chua prit ce prétexte pour lui faire la guerre, & l’attaqua avec des forces bien audeſſus des fiennes. Les Cochinchinois laiſſerent entrer les Tonquinois dans leur païs ; & les ayant fait donner dans des embuſcades, les taillèrent preſque tous en pieces. Ils pouſſerent enſuite leurs conquêtes vers le midi, & depuis ſe ſont fort bien maintenus contre les Tonquinois qui les ont attaquez pluſieurs fois à leur honte.
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