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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/49

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du Voyage de Siam.

tôt nous viſmes qu’elle avoit dématé de ſon petit hunier. La mer n’eftoit pourtant pas fort groſſe. Ce bâtiment eſt bien délicat, & nous ſait perdre beaucoup de temps. Ainſi la vie eſt-elle mêlée de bien & de mal. Nous irions plus vîte ſans elle ; mais nous irions tous ſeuls, & ſerions les uns ſur les autres.

A 7. degrez. Nous ne craignons plus les calmes : nous aurons toujours du vent ; & vers les 23. degrez nous eſpérons trouver les vents d’Oueſt, & vent arriere au Cap.

17. Avril.

IL n’y a que quatre jours que la mer eſloit couverte de poiſſons : nous n’en voyons plus. La morue eſt bien mauvaiſe, l’huile bien puante, l’eau bien jaune, le biſcuit bien aigre : le vin ſe ſoutient encore ; l’eau de vie eſt meilleure que jamais. Paſque approche : nous nous conſolons. Nos poules donnent des œufs frais : mais les deux petits agneaux ſont morts. Voilà degrandes nouvelles. Elles ſont grandes pour nous. Voyez ſur la Carte, où nous ſommes ; & avouez que ſi nous n’avions pas de quoi frire, nous ſerions aſſez embarraſſez ou en aller chercher. Laiſſez donc paſſer nos lamentations ſur la perte de nos agneaux : & mangez tant qu’il vous plaira de bonne ſalade. Heureux ceux qui voyent de l’herbe, plus heureux ceux qui en mangent