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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/52

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Journal

un plus beau deſſein ? & peut-il entrer dans l’eſprit de l’homme une idée plus noble, une penſée plus magnifique ? Nous avons déja fait deux mille lieuës, & plus : il nous en reſte encore à faire trois mille cinq cens. Mais franchement, plus nous avançons, plus nous traitons le voyage de bagatelle : nous contemplons le terme, ſans prendre garde aux moyens. Il eſt vrai que juſqu’ici nous marchons ſur les roſes : notre vaiſſeau eſt le meilleur vaiſſeau de la mer, & les vents nous ont eſté favorables. On dit qu’auprés de ce Cap nous trouverons à qui parler ; ce n’eſt pas pour rien qu’on l’appelle le Cap des Tourmentes : & moi je croi que nous le paſſerons comme celui de Finiſtere. Il y a tant de bonnes gens qui prient Dieu pour nous. Dieu veut qu’on le prie ; & quelquefois nous le prions auſſi de tout notre cçpur.

23. Avril.

ON fait ici le ſervice comme à Notre-Dame. On chante, on prêche ; & ſi l’on vouloit croire tous nos Eccléſiaſtiques, ils prêcheroient quatre fois par jour. Ils voudroient bien s’éxercer : mais notre pauvre équipage n’en peut mais ; & quand un matelot a chanté de toute ſa force les Litanies & la priere pour le Roi, il eſt content, & demande ſa gamelle. Le vent eſt toujours bon. On a trouvé aujourd’hui 17. degrez 9. minu-