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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/56

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Journal

je vous en écris, car j’écris comme je parle.

27. Avril.

LA nuit a eſté fort noire. Nous avons perdu la frégate ; & je ne ſçai pas comment cela s’eſt fait, car nous n’avons preſque bougé d’une place. Point de vent, un calme profond. On lui a donné rendez-vous au Cap, & ſi elle y arrive avant nous, elle nous attendra. On vient de prendre un Requin, ſigne de calme. Nous voudrions bien voir du vent, & point de poiſſons.

La hauteur eſt de 21. degrez quelques minutes.

La frégate vient de paroître ſur l’horiſon. Elle eſtoit devant nous, & avoit profité d’un petit Zéphir que nous avions mépriſé. Il faut peu de vent à un petit bâtiment ; & dans le calme la frégate nous dame le pion. Mais auſſi quand le vent donne, nous triomphons ; & pendant que la mer la mange, nos ſaborsſont ouverts, & notre Sainte Barbe eſt à l’air.

28. Avril.

CAlme profond. De temps en temps il s’éleve un petit vent : on croit que ce ſera quelque choſe, on lui donne toutes les voiles ; & ce n’eſt rien. Il faut avoir patience : la nouvelle lune nous donnera ce bon Oueſt apres lequel nous ſoupirons ; & cependant nous étudions à merveilles. Je vous écrirai dans quinze jours en

Portugais ;