tempérée. Il faut reprendre les veſtes. Les ſoirs il fait froid. Les jours accourciſſent à veuë d’œil, & nous eſſuions en peu de temps des ſaiſons bien différentes. La mer s’eſt un peu abbaiſſée, & le vent continuë. Nous irons peut-eftre juſqu’au 30. degré ſans trouver les vents d’Oueſt.
Ce ſoir on a commencé à parler Portugais bien ou mal. On l’écorchera d’abord ; mais à force de battre le fer, on le polira. Nous prenons un ſujet la veille : on ſe prépare, on lit le Dictionaire ; on cherche des mots Portugais, tantôt ſur les étoiles, tantôt ſur la marine, aujourd’hui ſur l’hiſtoire, demain ſur la géographie. Ainſi en apprenant le Portugais, nous apprenſſrons encore quelque autre choſe.
LEs trompettes & violon nous ont donné ce matin des aubades : il faut bien que chacun vive de ſon métier ; & il n’y avoit pas moyen de faire dire au ſuiſſe, qu’il n’y avoit perſonne au logis.
M. Baſſet a fait l’exhortation, & a dit les plus belles choſes du monde. Il y a un peu de miracle à ſon affaire ; & à meſure qu’il approche du lieu de ſa miſſion. Dieu lui fait de nouvelles graces, & lui donne de nouveaux talens. Car enfin nous le connoiſſons : il parloit comme un autre dans les conférences au ſéminaire ; il avoit
