Ce matin le Pere de Fontenei a commencé une leçon publique de Sphere. Il ne ſera pas dit que nous le laiſſions partir ſans en tirer pié ou aile ; & quand il ſera grand Mandarin, favori de l’Empereur de la Chine, je dirai : C’eſt lui qui m’a appris le mouvement diurne du ciel. Car il nous l’a expliqué ce matin ; & tous les matins il nous apprendra quelque choſe. Somme toute, nous en arracherons par où nous pourrons. C’eſt une heure fort agréablement emploiée. Il parle facilement, & avec la netteté d’eſprit que doit avoir un homme qui fait le métier depuis douze ans dans le Collége des Jéſuites de Paris.
Aprés dîné, M. Vachet a fait la conférence des cas de conſcience. Nous y avons pris goût : ce ſont matieres fi importantes & ſi néceſſaires à des Miſſionnaires, qu’on l’a prié d’en faire deux par ſemaine ; & la conférence de piété ſera remiſe au ſamedi.
Nous mélons par-ci par-là quelques parties d’échets. M. le Chevalier de Fourbin eſt devenu un ennemi digne de moi. Il me fait réver, & me gagne quelquefois. Je ne ſçai s’il a hauſſé, ou ſi je ſuis baiſſé : je croirois plutôt le dernier. Quoi-qu’il en ſoit, c’eſt toujours un plaiſir ſeur : & ne contez-vous pour rien d’avoir un plaiſir en poche, & un plaiſir innocent ?
