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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/76

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Journal

couleurs ordinaires. Il eſt vrai qu’elles n’eſtoient pas ſi vives ; le blanc dominoit : auſſi n’eſt-il pas juſte que les arcs-en-ciel de la lune ſoient auſſi brillans que ceux du ſoleil.

30. Mai.

VEnt largue, toutes les voiles portent, belle mer : nous faiſons plus de deux lieuës par heure. Le Cap ne paroît point encore : on dit pourtant que les terres en ſont fort hautes ; il n’y a point de nuages, il faut que nous en ſoyions encore à plus de vingt lieuës.

Terre, terre, c’eſt tout de bon ; on voit la terre, on voit le Cap. Nous en ſommes à peu prés à douze lieuës. Quel plaiſir aprés une ſi longue abſence ! Nous mangerons de l’herbe. Le vent n’eſt pas trop bon pour mouïller, mais il s’accommodera cette nuit.

31. Mai.

NOus n’avons oſé entrer dans la rade pendant la nuit : mais à la pointe du jour, malgré le vent contraire, nous avons haſardé le paquet ; & la journée d’aujourd’hui a eſté la plus dangereuſe & la plus fatiguante du voyage. Il y a eu un fort vilain quart d’heure : le vent au milieu de la rade a tombé tout d’un coup, & nous nous ſommes trouvez fort prés d’une roche où le courant nous portoit : nous n’en