Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
79
du Voyage de Siam.

teuſes d’une peau de mouton 5 le reſte du corps nu. Les femmes ſe mettent autour des jambes des boyaux qu’ils mangent quand ils ont faim. Au reſte fort pareſſeux ; aiment mieux ne gueres manger que de travailler, quoi que leur ſouverain plaiſir ſoit de manger.

Ils puniſſent fort ſévèrement l’aſſaffinat, le vol, & l’adultère ; & quand quelqu’un d’entre eux eſt convaincu de ces crimes, toute la peuplade s’aſſemble. On amene le criminel, & le Roi ou Capitaine lui donne le premier coup, qui eſt fuivi des autres, juſqu’à ce qu’il expire ſous le bâton. Il y a un mois que le Roi des Outentos vint lui-même au Cap aſſommer à coups de bâton cinq de ſes ſujets, qui avoient tué un Hollandois. Il les laiſſa ſur le carreau, & les Hollandois les pendirent à une potence où ils ſont encore.

Les Hollandois peu à peu s’avancent dans le païs, qu’ils achetent avec du tabac. Ils ont déja fait à dix lieuës dans les terres une colonie ou il y a quatre-vingts familles. Ils envoyèrent l’année paſſée à la découverte. J’ai long-temps entretenu celui qui y alla : il m’a dit qu’il avoit avancé plus de cent lieuës, trouvant par tout les mêmes peuples errans avec leurs troupeaux. Il y retournera au mois d’Aouſt prochain, & il eſpere percer juſqu’au Royaume de Manamotapa, qui ne doit pas eſtre loin de-là.

Au reſte, je doute qu’il y ait dans le mon-