Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/114

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toutes les faces, et après s’être déterminé avec sureté, il avoit l’art de porter les autres à son point de vue, et de leur faire voir les choses comme il les voyoit. Il persuadoit, et quelle supériorité que de savoir persuader !

De si grands talens percèrent au travers des obstacles les plus difficiles, et élevèrent une fortune éclatante qui excitoit l’envie des ames vulgaires ; mais ce qui étoit en lui véritablement digne d’envie, ce fut le noble usage qu’il fit de cette grande fortune. Il ne s’en servit qu’à mettre la France à ce haut point d’élévation qui nous étonne encore, nous qui avons vu cette grandeur portée incomparablement plus loin par une main plus ferme, plus sage et plus hardie ! Avec la puissance de ce ministre s’accroissoit incessamment celle de sa patrie, et ce qui n’est donné qu’aux grandes armes, il put avoir de l’ambition par vertu.

Que l’on donne au génie, à la nature, tout ce que l’on voudra, on ne peut disputer aux lettres l’honneur d’avoir contribué à former cet homme extraordinaire. Les obscurités qui rebutent dans les sciences, redoubloient son ardeur, et jamais il ne sentoit mieux ses forces, que là où les autres éprouvoient leur foiblesse. De là les progrès surprenans dont ils nous a laissé des monumens éternels ; ces ouvrages, où il donne des leçons à tous les hommes sur les devoirs les plus essentiels de la religion, et à tous les princes sur les maximes les