Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/498

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le bien que ce grand Prince étoit si digne de faire.

Charles V voyoit le destin de la France attaché au destin des lettres : " Tant qu’elles seront honorées, disoit-il, cet Empire sera florissant, si jamais on les néglige, leur chute entraînera la sienne[1] ".

L’histoire nous représente ce Roi sage, goûtant les plaisirs de la raison et de l’égalité avec les Raoul de Presle, les Oresmes, et tous ces savans qu’il engageoit à traduire les bons auteurs de l’antiquité. Le père du peuple, ainsi nommé par le peuple même, Louis XII, auroit cru manquer aux obligations qu’impose un si beau titre, s’il eût négligé d’étendre les lumières de la Nation et les Sciences. Ses bienfaits, et des égards encore plus flatteurs attirèrent en France les Lascaris et les Aléandres ; la liberté les y fixa.

Avec plus de zèle encore et plus d’éclat, le père des lettres déposoit aux pieds de la philosophie les lauriers de Marignan. Combien la supériorité de l’esprit dut alors exciter d’envie ! Elle est si enviée lorsqu’elle ne procure ni rang ni fortune ! Elle étoit la principale route de la faveur sous François 1er. Sa Cour étoit une Académie qui cultivoit

  1. Voici les propres mots de Charles V : " Les Clercs où a sapience l’on ne peut trop honorer ; et tant que sapience sera honorée en ce Royaume, il continuera à prospérité ; mais quand déboutée y sera, il décherra ".